Le matelas traditionnel en laine : un produit inégalé
La laine est une merveille de la nature. Naturelle, thermorégulatrice, isolante, légère, solide, nerveuse, élastique, pratique, renouvelable, biodégradable, autonettoyante et antibactérienne, elle est l'amie de l'homme depuis des temps immémoriaux.
Au coeur de la France, à Saint Just en Chevalet, se perpétue depuis le XVI° siècle, un savoir-faire rare, au sein de l'entreprise Brissay-Châtre, celui de matelassier-litier. L'entreprise y perpétue la fabrication totalement artisanale de matelas traditionnels en laine principalement, ainsi que de sommiers, têtes de lits et divers produits de literie.
Toute la laine utilisée provient de petits élevages entre Forez, Bourbonnais et Auvergne qui n'excèdent pas 40 têtes. Ces petits troupeaux vivent au grand air au rythme des saisons et sont nourris et soignés de manière traditionnelle. Cette vie saine augmente les rendements de la laine, tout en la rendant plus nerveuse, plus propre et en lui conservant ses qualités de protection thermique.
Le défaut que l'on pouvait trouver aux matelas en laine d'antan était son affaissement, transformant le lit en cuvette. La maison Brissay-Châtre a résolu cet inconvénient en introduisant une structure aux matelas, composée de mousses et de latex naturels. Son matelas "Lainetex" présenté en 2002 au concours Artinov a été un grand succès, succès suivi par la mise au point d'autres modèles.
La confection des articles est réalisée à la main pour assurer aux matelas un garnissage stable et confortable d'une durée de vie d'au moins 15 ans.
Une activité artisanale totalement intégrée
Tout commence par le choix de la laine,
car la laine à matelas doit posséder une bonne élasticité. Cette propriété de la laine se trouve dans des laines aux fibres longues et ondulées, tirée des flancs, des épaules et du dos des moutons. 50% de la laine initiale est perdue. Un matelas de laine de 23 kg nécessite 60 kg de laine brute, soit la tonte de 25 moutons.
La laine de provenance locale, est triée manuellement pour en garder le meilleur de la toison, puis lavée. Ce lavage s'effectue dans des bacs d'eau chaude où la laine, qui possède naturellement son propre savon, se dégraisse et se nettoie tout en maintenant intactes ses propriétés physiques. Le rinçage utilise l'eau du torrent local et les eaux usées sont utilisées comme fertilisant. La laine est ensuite séchée sur des claies au soleil et peut recevoir des imprégnations d'huiles essentielles pour la protéger et lui conférer des vertus naturelles. Aucun traitement chimique n'intervient dans le processus, donc pas de peroxyde, de chlore, de "sanitizing" ou de résidu de carbonisage, ce qui explique que de petits morceaux de paille peuvent y être décelés.
90% des tâches de confection sont réalisées à la main. Seule l'opération de cardage est mécanique. Elle permet d'ouvrir la laine, de séparer les fibres et d'enlever les dernières impuretés. La laine est ensuite égalisée sur le coutil par petites poignées, au fur et mesure de la constitution des couches du matelas. Toutes les coutures sont faites à la main ainsi que le capitonnage avec des bouffettes de coton confectionnées manuellement. 8 heures de travail sont nécessaires dont 2 heures pour égaliser la laine pour un matelas de 140x190 cm.
Brissay-Châtre, une maison ancienne au savoir-faire reconnu
L'entreprise est répertorié dans l'Annuaire Officiel des Métiers d'Art de France au titre des métiers rares. Ce savoir-faire d'exception est protégé dans le cadre de la convention de l'Unesco comme un patrimoine relevant des savoir-faire de l'humanité.
Très ancrée dans son territoire du Pays d'Urfé, elle a su à la fois maintenir la qualité de son savoir-faire artisanal ancien et mettre au point de nouvelles méthodes de production pour l'amélioration de la qualité de ses produits.
Entreprise familiale, elle a reçu le label d'Entreprise du Patrimoine Vivant en 2007, label qui lui a été renouvelé en 2012.