Valrupt Industries, le spécialiste des molletons et alèses pour la protection de la literie
Au coeur des Vosges, la production de linge de maison est une tradition synonyme de qualité.
Les images des toiles étendues dans les champs à flan de coteaux, au milieu d'une nature préservée sont certes d'un autre âge, mais un groupe d'industriels se mobilise au quotidien pour faire vivre la tradition d'un linge de lit de qualité et faire reconnaître leur savoir faire. Ils sont à l'origine du label : "Vosges, terre textile".
Valrupt est l'une de ces sociétés, pas toujours connue du grand public, mais pourtant à la tête d'un outil industriel qui compte dans la région.
Complètement intégrée, ces activités vont de la filature, au tissage et à la confection. Elle produit des articles à la demande pour bon nombre de marques et d'enseignes reconnues.
Elle est spécialisée dans la production d'alèses et de molletons pour la protection de la literie aux matières, formes et tailles très variées.
La dernière manufacture des Vosges à possèder une activité intégrée de la filature au produit fini.
Les activités de Valrupt Industries vont de la filature, au tissage et à l'apprêt pour finir à la confection.
La société produit en moyenne 7.000.000 de m² de tissus écrus pour le linge de maison et la protection de la literie principalement. Elle développe en permanence de nouveaux produits pour son compte ou à la demande de ses clients.
Elle confectionne environ 3.000.000 de pièces par an dans ses ateliers au coeur des Vosges.
Elle est aujourd'hui la seule société des Vosges a être encore ainsi intégrée.
Les activités de production sont organisées autour d'ateliers spécialisés : la filature, le tissage, l'apprêt des tissus, la confection, le conditionnement.
- La filature de type Open-end produit environ 2.000 tonnes de fil par an.
- Le tissage comprend une cinquantaine de métiers à tisser à lances capables de tisser avec des laizes de grande largeur de l'ordre de 360 cms. Ils produisent annuellement environ 7 millions de m².
- L'ennoblissement des tissus consiste à les gratter pour les molletons et à les stabiliser. Les opérations de blanchiment, de teinture, ainsi que les enductions et collages des tissus sont confiés à des partenaires dans les Vosges. L'entreprise traite toutefois les tissus pour les conférer des propriétés telles que les traitements anti-acariens ou autres.
- La confection des pièces de linge de maison et des produits de protection de la literie est réalisée en interne pour environ 3 millions d'articles par an.
- Le conditionnement et l'ordonnancement des productions est une part importante de l'activité car elle permet d'organiser la souplesse et la personnalisation de la production. La gestion des flux à chaque étape permet de traiter des demandes de tailles et de types d'articles très variés.
Une histoire d'industriels depuis 1837
La création de la première manufacture remonte à 1837. Adolphe et Napoléon Forel, issus de la Savoie, fondent un certain nombre d'établissements : la filature du Pont de Lette, le tissage des Meix et la filature du Dessus-de-Rupt. Napoléon Forel est un industriel et un technicien de grande valeur, qui peut disposer d'appuis importants. Leur père, Joseph Forel, membre du Corps Municipal de la Capitale Lorraine a épousé Catherine Mouton, soeur de Georges Mouton, Comte de Lobau, Maréchal et Pair de France.
Le début de ces activités connaissent des périodes florissantes, mais également de nombreuses difficultés dans les périodes plus troublées, sans compter de graves sinistres qu'il fallut surmonter. C'est suite à un grave incendie, que l'entreprise est vendue par adjudication le 8 février 1882 à la veuve de Nicolas Géliot et à la société Charles Laederich fils et Cie.
Le 10 septembre 1882, Henri Géliot et sa famille, Charles Laederich et Jules Favre, son associé, administrateurs de "Charles Laederichet Cie" fondent la "Société Cotonnière des Vosges ". Il est à noter que l'entreprise est déjà très intégrée à cette époque, de la filature au produit fini. Des investissements importants sont réalisés avant la première guerre mondiale, qui met un coup d'arrêt au développement de l'entreprise. Lors de ce conflit, les femmes tiennent l'activité de l'usine, alors que beaucoup de décès touchent les hommes.
En 1918, René Laederich reprend le flambeau. Il rassemble des activités éparses autour des "Etablissements Laederich" et entreprend une importante modernisation du site de production principal. En 1936, une fusion a lieu entre la "Société Cotonnière des Vosges" et "les Etablissements Laederich" pour donner naissance au "Comptoir Industriel Cotonnier" avec un siège social à Epinal.
L'entreprise traverse la seconde guerre mondiale sous la domination allemande qui lui impose des horaires de 18 h par jour, malgré de nombreuses interruptions de la production du fait du manque de matières premières.
A l'issue du conflit, l'entreprise se modernise à nouveau et s'appuie sur de nouvelles technologies. Les machines à vapeur, héritées du XIX° siècle sont définitivement abandonnées en 1950 et la direction acquiert du matériel moderne qu'elle fait venir des Etats Unis.
A la période faste de la reconstruction de l'après-guerre, succède le début de la mondialisation qui atteint l'industrie textile. L'entreprise connaît des difficultés et est cédée à Marcel Boussac en 1967. Malheureusement dix ans plus tard, l'entreprise est en cessation de paiement et le neveu de Marcel Boussac, Jean Claude Boussac n'a pas de solution pour poursuivre l'exploitation.
La vieille manufacture du Pont de Lette ne disparait pas. Elle est reprise en location gérance par le groupe Agache-Willot, puis par la société Valmon qui possède le tissage des Lesses à Fresse sur Moselle et finalement rachetée au début de 1979. L'emploi de 150 personnes est ainsi préservé.
"Valrupt Industries", nom actuel de la société est à la tête d'une importante unité de production que ses dirigeants administrent à Rupt sur Moselle.Elle figure parmi les sociétés les plus modernes de la région de Remiremont, la dernière à être totalement intégrée de la filature au produit fini.